LarĂ©ponse est compliquĂ©e mais pour le moment on aurait plus tendance Ă  ĂȘtre rĂ©aliste et dire non. Ça n’est pas le style musical en vogue et le classique s’apparente Ă  de la musique de « vieux » que l’on ne peut pas vraiment Ă©couter en groupe. A 22 ans, on n’a certes pas tout vu, tout vĂ©cu mais ce qui est sĂ»r c’est que la personne qui souhaitera proposer des TĂ©lĂ©chargezces Photo premium sur Le Gars Ă©coute De La Musique Pendant Un EntraĂźnement. Un Jeune Homme Fait Du Sport, Court Sur Le Terrain De Football. Le Gars Travaille En Plein Air Et Frais., et dĂ©couvrez plus de 16M de ressources graphiques professionnelles sur Freepik. #freepik #photo #musique #tĂ©lĂ©phone #homme peuton Ă©couter de la musique pendant le ramadan. peut on Ă©couter de la musique pendant le ramadan. animation prĂ©paration d'une solution par dissolution Ala fin de cet article vous saurez pourquoi ce phĂ©nomĂšne Peut On Ă©couter De La Musique Pendant Le Ramadan a lieu. La sncf lance, ce 18 juillet 2022, sa nouvelle option : 4 aoĂ»t 2012 lesoleil est plus leger que Ă  sa naissance. anaĂŻs baydemir 2021. Running & Healthy Living peut on Ă©couter de la musique pendant le ramadan Lesplates-formes de visionnage vidĂ©o sont les premiers sites privilĂ©giĂ©s pour Ă©couter de la musique (90 %). Le streaming gratuit lĂ©gal vient en seconde position, suivi par les radios en ligne. v3NU. Faire grandir en musique grĂące Ă  un parcours artistique exceptionnel, tel est le pari que relĂšve la MaĂźtrise de Radio France depuis sa crĂ©ation en 1946 par Henry Barraud et Maurice David, avec la contribution de nombreux pĂ©dagogues et compositeurs tels que Pierre Capdevielle, Jean Planel, Robert Planel ou Roger Calmel, sur le principe dumi-temps pĂ©dagogique » enseignement gĂ©nĂ©ral le matin et formation musicale l’aprĂšs-midi dont elle a historiquement constituĂ© l’une des premiĂšres expĂ©riences en France. Formation permanente de Radio France au mĂȘme titre que l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique et le ChƓur de Radio France, la MaĂźtrise est rĂ©guliĂšrement sollicitĂ©e par d’autres formations telles que le Philharmonia Orchestra de Londres, le Bayerische Staatsoper, le City of Birmingham Symphony Orchestra, le Boston Symphony Orchestra, le London Symphony Orchestra and Chorus, et est dirigĂ©e par des chefs d’orchestre comme Seiji Ozawa, Daniele Gatti, Myung-Whun Chung, Esa-Pekka Salonen, Semyon Bychkov, Mikko Franck, Gustavo Dudamel, Valery Gergiev, Andris Nelsons, Sir Simon Rattle, Leonardo GarcĂ­a AlarcĂłn ou Kent Nagano. Au travers de ses propres saisons de concerts, la MaĂźtrise s’attache Ă  mettre en valeur le rĂ©pertoire choral pour voix d’enfants. TrĂšs engagĂ©e dans le rayonnement de la musique d’aujourd’hui et dans la crĂ©ation, elle mĂšne une politique volontaire de commande de partitions, notamment dans le cadre de ses activitĂ©s pĂ©dagogiques destinĂ©es Ă  dĂ©velopper la pratique chorale sur tout le territoire. Sur ses deux sites, Paris et Bondy, la MaĂźtrise de Radio France s’impose comme une vĂ©ritable Ă©cole d’ouverture et d’excellence. L’enseignement qu’elle dispense forme un cursus intense rĂ©unissant des cours de chƓur, de chant, de formation musicale, d’harmonie, de piano, de technique Alexander, de pratique corporelle et scĂ©nique. Les Ă©lĂšves sont recrutĂ©s aprĂšs des auditions nationales pour le site de Paris, et Ă  Bondy spĂ©cifiquement dans le quartier nord de la ville ce site a Ă©tĂ© ouvert en 2007 dans le cadre du rĂ©seau d’éducation prioritaire. Tous les Ă©lĂšves de la MaĂźtrise bĂ©nĂ©ficient d’un enseignement totalement gratuit, de l’école Ă©lĂ©mentaire jusqu’au baccalaurĂ©at. Aujourd’hui, la MaĂźtrise compte prĂšs de 180 Ă©lĂšves rĂ©partis sur les deux sites et placĂ©s depuis 2008 sous la direction artistique et pĂ©dagogique de Sofi Jeannin. La MaĂźtrise de Radio France bĂ©nĂ©ficie du soutien du Cercle des amis de la Fondation Musique et Radio-Institut de France, de la Fondation BNP Paribas, de la Fondation du groupe ADP, de la Fondation Orange et de la Fondation Safran pour l’insertion. LA SAISON 2022-2023 Au cours de la saison 2022-2023, la MaĂźtrise de Radio France poursuit ses collaborations rĂ©guliĂšres avec les autres formations de Radio France. DĂšs la rentrĂ©e elle se produira avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France, dirigĂ© par Mikko Franck, dans une Ɠuvre de Gabriel FaurĂ©, puis plus tard dans la saison Ă  la faveur d’un week-end consacrĂ© Ă  Howard Shore aux cĂŽtĂ©s du ChƓur de Radio France. Avec l’Orchestre National de France et le ChƓur de Radio France, elle se produira sous la direction de Cristian Măcelaru dans la TroisiĂšme Symphonie de Mahler Ă  la Basilique de Saint-Denis. FidĂšle Ă  son engagement en faveur de la musique d’aujourd’hui, la MaĂźtrise participe Ă  l’édition du festival PrĂ©sences 2023, qui met Ă  l’honneur Unsuk Chin, en donnant en crĂ©ation mondiale Urbansong II du jeune compositeur français Bastien David, puis en crĂ©ation française Le Chant des enfants des Ă©toiles d’Unsuk Chin avec l’Orchestre National de France dirigĂ© par François-Xavier Roth. De la musique ancienne Ă  celle d’aujourd’hui, la MaĂźtrise continue d’explorer un large Ă©ventail de rĂ©pertoires musicaux. Elle propose ainsi au public un regard contemporain et profane sur le temps de NoĂ«l lors d’un concert intitulĂ© Le Bruit de la neige » comprenant la crĂ©ation mondiale de deux Ɠuvres de jeunes compositrices françaises, HĂ©loĂŻse Werner et Claire-MĂ©lanie Sinnhuber. Elle invite ensuite Ă  dĂ©couvrir un programme conçu Ă  partir de la Passion et de la dramaturgie des TĂ©nĂšbres avec l’ensemble instrumental L’Escadron volant de la Reine, programme qui mettra en Ă©cho des piĂšces de musique baroque et contemporaine, sous la triple direction de Sofi Jeannin, de Marie-NoĂ«lle Maerten et de Morgan Jourdain. Puis viendra un programme romantique français avec piano, Madrigal aux Muses », qui mettra en valeur plusieurs compositrices. Par ailleurs, Ă  l’occasion de la Saint-Valentin, la MaĂźtrise invite GrĂ©gory Privat pour interprĂ©ter Ă  ses cĂŽtĂ©s Gershwin, Weill, Coward
 ainsi que des compositions originales dans le cadre d’un cinĂ©-concert qui permettra de redĂ©couvrir un petit bijou du cinĂ©ma muet My Best Girl de Sam Taylor. Les concerts donnĂ©s Ă  l’Auditorium AngĂšle et Roger Tribouilloy de Bondy sont l’occasion pour la MaĂźtrise de prĂ©senter des rĂ©pertoires musicaux originaux avec notamment un programme rĂ©unissant des pages majeures de la musique du Moyen-Âge et de la Renaissance espagnole, ou encore, lors du concert Petites histoires naturelles », des piĂšces mettant en scĂšne diffĂ©rents animaux. Tout au long de la saison, la MaĂźtrise propose plusieurs concerts destinĂ©s au jeune public et au public scolaire avec deux spectacles qui donneront Ă©galement lieu Ă  la crĂ©ation de podcasts de la sĂ©rie Les contes de la Maison ronde » Brundibar et Les sept corbeaux. Sans oublier la crĂ©ation d’un OpĂ©ra de poche commandĂ© Ă  Emmanuelle Da Costa sur le personnage mythologique d’ActĂ©on, dans lequel des marionnettes tiendront une place de choix. Enfin, la MaĂźtrise contribue Ă  l’enrichissement permanent des contenus du portail numĂ©rique de Radio France, Vo !x, ma chorale interactive », destinĂ© Ă  accompagner la pratique du chant choral sur l’ensemble du territoire. Le film est aujourd'hui tournĂ©, au-delĂ  des attentes qu'il pouvait soulever. D'un documentaire autour de quelques spĂ©cialistes du jeĂ»ne, il est devenu un vĂ©ritable film sur le JeĂ»ne qui sera projetĂ© sur grand Ă©cran. De 6 jours de tournage et 3 interviews, il s'est muĂ© en 25 jours et 27 entretiens passionnants qui nĂ©cessitent d'autres moyens. Plus de temps de montage, une meilleure post-production, la composition d'une musique originale avec enregistrement studio, une communication ambitieuse voilĂ  ce que cette campagne offrira au film. Une qualitĂ© Ă  la hauteur de son contenu unique !Synopsis Faire le choix de ne pas manger pour retrouver la santĂ© ? Cette idĂ©e saugrenue continue d'intriguer et de diviser mais rencontre aujourd’hui un engouement grandissant dans les mĂ©dias et dans de nombreuses par Fabien Moine, accompagnateur de jeĂ»ne, ce film propose une information complĂšte sur le jeĂ»ne Ă  travers les interviews d’experts et les histoires de vie de jeĂ»neurs qui tĂ©moignent avant, pendant et aprĂšs leur jeĂ»ne. Au rythme de la nature, ils apprennent Ă  Ă©couter leur corps. Sans dogmatisme ou prosĂ©lytisme, le film revient sur 55 ans d’histoire du jeĂ»ne en France avec comme interrogation la suite Ă  lui donner, demain...Images magnifiques, musique composĂ©e pour l’occasion c’est en poĂ©sie que des rĂ©ponses seront transmises et les diffĂ©rentes maniĂšres de jeĂ»ner prĂ©sentĂ©es. Bien plus qu'une dĂ©marche de bien-ĂȘtre, c'est une ode au merveilleux fonctionnement du corps humain, Ă  sa capacitĂ© Ă  retrouver la pleine santĂ©. C'est aussi une quĂȘte de soi, de son humanitĂ©...L'Ă©quipeLes intervenants spĂ©cialistes du jeĂ»neLes jeĂ»neurs Quelques images du film...A quoi servira l'argent collectĂ© ? Aujourd'hui 35 heures d'images ont Ă©tĂ© tournĂ©es, le montage a commencĂ© mais les fonds propres du rĂ©alisateur ne suffisent pas Ă  rendre possible le projet tel qu'il s'est transformĂ© un vĂ©ritable film projetĂ© sur grand Ă©cran et Ă©ditĂ© en DVD !L'aventure du film c'est aussi Envie d'en savoir plus sur le film PrĂ©sentation vidĂ©o de 30 minutes par le rĂ©alisateurComment puis-je aider le film ? Le JeĂ»ne de Daniel - 21 jours Le jeĂ»ne est un moyen de faire taire tout ce qui nous empĂȘche d’écouter notre Ăąme qui crie vers Dieu. Plus qu’une simple discipline du corps, c’est une disposition du cƓur et de l’esprit qui nous permet de nous rapprocher de Dieu et d’expĂ©rimenter des percĂ©es spirituelles. C’est aussi un bon moyen de traverser le mur de l’hiver et de vivre une annĂ©e extraordinaire. Pourquoi jeĂ»ner en cette nouvelle saison? Plan de lecture Afin de t’aider dans ton temps quotidien avec Dieu, voici 21 versets, soit un par jour, Ă  mĂ©diter et sur lesquels prier. 17 Daniel 18 Daniel 19 Daniel 1 Pierre 20 Daniel 21 Matthieu 22 JosuĂ© 23 Matthieu 24 Matthieu 25 Daniel 26 Jacques Jacques 27 Matthieu 28 Luc 18. 1-8 29 Jonas 30 Daniel 31 Daniel Jean 01 Marc HĂ©breux 02 Daniel Daniel 03 1 Rois Psaumes 04 ÉsaĂŻe 05 Esther 2 Chroniques 06 Philippiens Romains Comment jeĂ»ner? Pour cette pĂ©riode de jeĂ»ne, nous allons prendre exemple sur Daniel et ses amis qui pendant 21 jours se sont abstenus de viandes, de mets dĂ©licats et de vin, parce qu’ils avaient plus faim de Dieu que de ce que la table du roi pouvait leur offrir. Nous te proposons donc un jeĂ»ne partiel, oĂč tu ne consommeras pas de viande, de sucre, ni d’alcool. Afin de maximiser ton temps avec Dieu, nous t’invitons Ă©galement Ă  limiter les distractions et Ă  plutĂŽt te remplir de la parole de Dieu. Quelques idĂ©es de jeĂ»ne Si une condition mĂ©dicale ne te permet pas de modifier ton alimentation, concentre-toi sur les idĂ©es de jeĂ»ne qui te conviennent. 1 Pas de viande, de sucre, ni d’alcool Mais tout plein de lĂ©gumes, de fruits, de cĂ©rĂ©ales, de graines et de noix. Tu peux aussi ajouter des produits laitiers si tu veux. 2 Pause de Netflix ou de tĂ©lĂ© Tes sĂ©ries favorites seront encore lĂ  Ă  ton retour. Pourquoi ne pas prendre une marche au grand air en Ă©coutant ta louange prĂ©fĂ©rĂ©e? 3 Pause des mĂ©dias sociaux Limite ton temps sur les mĂ©dias sociaux. Au lieu de texter, appelle les gens. C’est fou ce que ça peut faire du bien de parler et d’écouter. 4 À bas le dessert Tout le monde peut s’abstenir de dessert, non? Remplace ton dessert par un fruit. Ta balance va t’aimer! 5 Pause de jeux vidĂ©o Remplace ta manette ou ton Ă©cran par une Bible. Suis un plan de lecture ou prie pour les personnes avec qui tu as l’habitude de jouer. À compter du 17 janvier jusqu’au 4 fĂ©vrier du lundi au vendredi, nous t’invitons Ă  un moment de dĂ©votion et de priĂšre quotidien sur Zoom sur l’heure du midi. DĂšs 12h21, un pasteur de la Chapelle apportera un court partage qui sera suivi par un moment de priĂšre. OĂč que tu sois, joins-toi Ă  nous pour 21 minutes bien investies dans la prĂ©sence de Dieu. Tu ne sais pas par oĂč commencer pour la bouffe ? Nous avons 21 recettes pour toi Pour les fins de notre jeĂ»ne de Daniel, nous te proposons d’adopter un menu Ă  base de lĂ©gumes, de fruits, de cĂ©rĂ©ales, de graines et de noix, et comprenant certains aliments issus de l’animal, tels que les produits laitiers. Tu es vĂ©gĂ©tarien ou vĂ©gĂ©talien ? Pourquoi ne pas couper le dessert, utiliser moins de produits transformĂ©s ou faire un jeĂ»ne intermittent ? En bref, fais ce qui convient le mieux Ă  ta situation. Si tu es un carnivore aguerri et que tu ne sais pas par quel bout commencer, voici 21 recettes pour t’aider. Fais-nous savoir comment on peut prier pour toi Tu vis des moments difficiles ou tu te sens seul? Nous avons une Ă©quipe toute prĂȘte Ă  prier pour toi. Tu as besoin de parler? On est Ă  ton Ă©coute ! Envoie-nous un message texte au numĂ©ro plus bas et un membre de l’équipe pastorale de la Chapelle se fera un plaisir d’échanger avec toi ou mĂȘme de t’appeler pour discuter. À la mĂ©moire de Jean-Michel Berthelot1La Musique et l’Ineffable, l’association des deux termes dans le titre Ă©ponyme de l’ouvrage de Vladimir JankĂ©lĂ©vitch 1983 [1961] augure d’un mystĂšre de la musique et pose un rapport au sublime. Il suggĂšre Ă  la fois que la musique a partie liĂ©e avec l’indicible, mais aussi que celle-ci s’offre comme moyen de donner forme Ă  l’inexprimable. Ce titre fait Ă©cho parallĂšlement Ă  la difficultĂ© de parler de la musique et de la qualifier, Ă  la crainte mĂȘme de l’apprĂ©hender qu’évoquent bien souvent ceux qui s’apprĂ©cient comme non-spĂ©cialistes, ceux qui ne se sentent pas armĂ©s d’un vocabulaire et d’outils adĂ©quats. L’association des deux termes Ă©voque encore sans Ă©puiser la palette des interprĂ©tations possibles [1] un butoir contre lequel viendrait heurter la pensĂ©e mĂȘme des spĂ©cialistes ». Pourtant, la musique c’est aussi ce refrain qui nous accompagne au quotidien, un air, une chanson, le thĂšme d’une symphonie. Et tout le monde, ou presque, en entend chaque jour, en discute avec d’autres souvent. 2Comment en parler en sociologue ? Comment la sociologie s’est-elle emparĂ©e de cet objet musique » ? Cette question est dĂ©jĂ  une maniĂšre assez inexacte de parler de musique comme phĂ©nomĂšne social et esthĂ©tique. Il faudrait se demander plutĂŽt comment les sociologies Ă©tudient les processus, les pratiques, les objets multiformes instruments, disques
, les acteurs qui font la musique. Et d’ailleurs, objectera-t-on, faut-il parler de la musique, plutĂŽt que des musiques ou de faits musicaux ? Nous y reviendrons, car la question est constitutive de l’approche sociologique choisie. PrĂ©cisons toutefois que l’expression telle qu’employĂ©e dans cet article n’exprime pas une hiĂ©rarchisation entre ce qui serait de l’art ou n’en serait pas, ce qui reviendrait – au moins implicitement – Ă  prĂŽner l’exclusion de certaines formes ou de certains genres musicaux ; cela ne marque pas davantage l’oubli du faire et de son inscription sociale, culturelle et historique. Dans l’emploi gĂ©nĂ©rique, ici privilĂ©giĂ©, le terme inclut toute forme de qualification d’une organisation sonore et parfois aussi multi-artistique comme musique » par des groupes sociaux ce qui est surtout valable en Occident, le terme n’ayant pas d’existence Ă©tablie dans toutes les sociĂ©tĂ©s. Parler de sociologie de la musique Ă©quivaudrait en ce sens Ă  parler de sociologie de la famille ou de l’éducation sans prĂ©juger de la multiplicitĂ© des modĂšles familiaux et des formes d’éducation. 3Sociologie de la musique donc. Ou plus exactement sociologies de la musique. Notre propos interroge les maniĂšres de concevoir une approche sociologique de la musique et les phĂ©nomĂšnes Ă©tudiĂ©s dans ce domaine, mais aussi le rapport personnel et scientifique Ă  la musique qu’entretiennent quatre des principaux auteurs qui ont insufflĂ© un dĂ©veloppement de ce champ disciplinaire dans les annĂ©es 1980 en France [2] et qui contribuent Ă  ce numĂ©ro de L’AnnĂ©e sociologique. Évoquer les itinĂ©raires de recherche, les principaux thĂšmes et les problĂ©matiques qui jalonnent les travaux de ces auteurs nous invite au prĂ©alable Ă  questionner le caractĂšre insaisissable » de la musique et Ă  reconstituer les dĂ©buts de la sociologie de la musique en France. Cela nous conduira Ă  souligner en retour comment la musique et les sociologies de la musique interrogent la sociologie de maniĂšre – Insaisissable musique ?4Pierre Bourdieu a dit de la musique qu’elle Ă©tait l’art “pur” par excellence », elle qui ne dit rien et n’a rien Ă  dire » Bourdieu, 1984. Ses propos ont pu paraĂźtre provocateurs les tenants d’une vision d’un art au-dessus des contingences sociales y perçoivent une critique sous-jacente et une dĂ©prĂ©ciation. À l’opposĂ©, pour les partisans d’une analyse sociologique de cette activitĂ© sociale comme toute autre, les termes de Pierre Bourdieu ont paru impropres tant la musique est faite de chair, par des humains, peuplĂ©e d’objets, mise en scĂšne, liĂ©e aux industries culturelles
 Sans doute faut-il y voir Ă  la fois une discussion sur des reprĂ©sentations vĂ©hiculĂ©es par la musique dans notre sociĂ©tĂ©, et la dĂ©signation d’une spĂ©cificitĂ© de cette activitĂ©. Rappelons-en quelques caractĂ©ristiques bien connues. 5Cet art du sonore est d’abord un art du spectacle en se rĂ©fĂ©rant Ă  l’étymologie, c’est-Ă -dire appelant l’observation par l’avĂšnement. Pour se faire entendre, il nĂ©cessite d’ĂȘtre jouĂ© » ici et maintenant, par des interprĂštes donc, ou par des machines, Ă  l’aide d’un disque, d’un fichier sonore
 Techniques, instruments au sens large, y compris la voix et les producteurs de son, supports en tout genre participent de son avĂšnement dans un espace-temps prĂ©cis, forcĂ©ment situĂ©, au terme d’une longue chaĂźne de coopĂ©ration » Becker, 1988 mobilisant de nombreux acteurs. Et c’est grĂące Ă  un dispositif matĂ©riel, par une incarnation physique, dans de l’humain, de la technique, des objets, que le sonore parvient Ă  nos oreilles. Toujours en devenir du temps qu’elle est jouĂ©e et Ă©coutĂ©e, une » musique est en fait une multitude de moments uniques. 6MĂȘme avec paroles ou bien descriptive », empreinte de conventions » musicales qui font sens pour un groupe social Becker, 1988, une piĂšce de musique n’offre pas de signification directe et n’est jamais univoque. On retrouve la question du rapport de la musique au langage, longuement dĂ©battue par Claude LĂ©vi-Strauss, nombre de sĂ©miologues et de musicologues, dont on ne peut reprendre ici les observations, les thĂšses et les dĂ©bats. Disons rapidement qu’il n’y a pas en musique de dispositif signifiant/signifiĂ© semblable Ă  une langue, malgrĂ© l’existence de langages » musicaux Ă  la formalisation plus ou moins complexe faisant l’objet de grammaires » [3]. En ce sens, la communication est essentiellement d’ordre symbolique. Ce qui mĂšne tout droit Ă  interroger les reprĂ©sentations Constant-Martin, 2006, la construction d’un sens non pas littĂ©ral mais multiforme et sans traduction immĂ©diate possible pour un groupe, d’une signification accordĂ©e par un/des individus et en partie partagĂ©e, et les Ă©motions qui y sont associĂ©es. 7Le caractĂšre souvent dĂ©crit comme impalpable, immatĂ©riel [4], fugace de la musique contribue Ă  entretenir cette part de mystĂšre » [5], ce cĂŽtĂ© impĂ©nĂ©trable qu’on lui prĂȘte souvent, cette peur » parfois exprimĂ©e envers le langage musical ». Comme l’ont montrĂ© philosophes, musicologues et psychologues, la musique entretient un rapport privilĂ©giĂ© au temps Imberty, 1981. Toute musique crĂ©e un temps spĂ©cifique, une durĂ©e, Ă  la fois dans et en dehors du temps commun, permettant de suspendre le fil du temps chronomĂ©trique, de renouer avec d’autres temporalitĂ©s PrĂ©vost-Thomas, 2002, de se syntoniser » avec d’autres compositeurs ou auditeurs SchĂŒtz, 2007, de partager ensemble des Ă©motions intenses. MaĂźtrise temporaire et symbolique du temps, la musique tisse un lien entre des individus, ouvre une fenĂȘtre partagĂ©e, se pose face Ă  la vie et Ă  la mort, Ă  la condition humaine et au devenir humain, aux capacitĂ©s d’engendrement et de crĂ©ation. Parmi les autres arts et formes culturelles, la musique semble dotĂ©e non pas en soi », mais par ses propriĂ©tĂ©s socialement dĂ©finies d’un pouvoir symbolique particulier comme expĂ©rimentĂ© Ă  propos du fĂ©minin et du masculin tels que repĂ©rĂ©s en musique par nos propres travaux historiquement en Occident, ce domaine artistique est le plus rĂ©sistant Ă  un partage des prĂ©rogatives entre hommes et femmes quant aux fonctions crĂ©atrices composition, direction d’ensembles musicaux, sans parler mĂȘme des modalitĂ©s de la pratique chant versus instrument, univers domestique/scĂšne publique. Genre au sens esthĂ©tique et genre au sens sociologique codĂ©terminent l’accĂšs aux outils de crĂ©ation ainsi qu’à la reconnaissance symbolique des unes et des autres dans un domaine confinant – finalement – au sacrĂ© Ravet, Ă  paraĂźtre. 8Fait social et esthĂ©tique, la musique a aussi Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©e comme un fait social total » en rĂ©fĂ©rence Ă  Marcel Mauss. Pour Anne-Marie Green qui a dĂ©fendu en sociologie cette conception initiĂ©e en sĂ©miologie de la musique par Jean Molino, ce dernier distinguant le fait musical total » plutĂŽt que la musique des faits musicaux spĂ©cifiques plutĂŽt que des musiques, les diffĂ©rents paliers en profondeur » – selon l’expression de Georges Gurvitch – de la musique imposent d’en Ă©tudier les aspects Ă©conomiques, politiques, matĂ©riels et techniques, symboliques, etc., de saisir Ă  la fois les dimensions sociales et sensibles de chaque fait musical Green, 1993, 234 [6]. On ne peut prĂ©senter ici les thĂ©ories et les travaux menĂ©s du cĂŽtĂ© de la philosophie, de l’hermĂ©neutique, de la sĂ©miologie, de la musicologie et de l’ethnomusicologie qui discutent la nature » du fait musical et les maniĂšres de l’apprĂ©hender. PrĂ©cisons toutefois que concevoir la musique en termes de faits et de pratiques, mais aussi – plus rĂ©cemment – l’envisager en termes de processus est une dĂ©marche partagĂ©e par d’autres disciplines Cook, 2006. 9Proche de celle de certains ethnomusicologues et anthropologues de la musique, insistant sur l’importance du faire, cette direction de recherche sociologique est, Ă  nos yeux, fructueuse. Étudier comment les acteurs fabriquent de la musique, du son qui prenne un sens esthĂ©tique pour un groupe social situĂ©, pris dans un espace-temps, analyser ce faire la musique » [7] oĂč production, rĂ©ception et Ɠuvre » sont insĂ©parables, s’intĂ©resser plus spĂ©cifiquement Ă  la musique en train de se faire », par exemple Ă  la maniĂšre dont une cheffe et un orchestre construisent ensemble une interprĂ©tation musicale Ravet, 2007 porte Ă  s’attacher aux interactions sociomusicales in situ, Ă  prendre en compte aussi bien le contexte que les significations donnĂ©es par chacun Ă  sa participation personnelle et Ă  l’action commune. La musique est ici saisie en tant que processus qui s’actualise dans le jeu » et par l’écoute, ce qui implique de porter attention Ă  toutes les pratiques, Ă  toutes les musiques. 10Cette posture Ă  la fois thĂ©orique et empirique conduit Ă  dĂ©celer les traces des interactions sociales dans la construction mĂȘme du sonore ; elle interroge parallĂšlement le sens des pratiques musicales tel qu’il s’enracine dans l’expĂ©rience sonore et sociale, indissociablement et les propriĂ©tĂ©s esthĂ©tiques rĂ©pertoires, formes, instruments ou types de voix, etc. des processus analysĂ©s. La connaissance du matĂ©riau musical et une pluridisciplinaritĂ© associant sociologie et musicologie s’avĂšrent, dans cette optique, trĂšs enrichissantes, voire indispensables. De la mĂȘme maniĂšre, pour saisir tour Ă  tour plutĂŽt que de maniĂšre simultanĂ©e les diffĂ©rentes facettes de chaque fait musical, la collaboration avec d’autres disciplines comme l’histoire, l’économie, l’ethnologie ou les sciences politiques permet d’éclairer cette activitĂ© humaine, sociale et symbolique, liĂ©e Ă  d’autres univers et semblable Ă  bien d’autres activitĂ©s, en se donnant la possibilitĂ© de prĂ©ciser sa spĂ©cificitĂ© par rapport aux autres pratiques artistiques et – Les dĂ©buts de la sociologie de la musique en France11Les rĂ©flexions sur les rapports entre musique et sociĂ©tĂ© ont une origine ancienne. Il suffit de penser aux Ă©crits de Platon et d’Aristote sur la place Ă  accorder aux musiciens dans la CitĂ© et le rĂŽle Ă  donner Ă  la musique dans l’éducation des citoyens, mais aussi aux reprĂ©sentations symboliques et politiques de la musique et des musiciens dans l’AntiquitĂ©. Les thĂ©oriciens de la Renaissance, puis les philosophes des LumiĂšres – pour ne citer qu’eux – se sont penchĂ©s Ă  leur tour sur la maniĂšre dont la musique entretient des liens avec le langage et la culture d’un peuple, avec l’expression des sentiments et des Ă©motions, et sur ses relations avec le politique. 12Les fondateurs de la sociologie, quant Ă  eux, ont initiĂ© une rĂ©flexion proprement sociologique sur l’art, sans y consacrer l’essentiel de leurs travaux PĂ©quignot, 2009 et en abordant rarement la musique en particulier. Max Weber reprĂ©sente une exception de taille. Son ouvrage posthume sur les fondements rationnels de la musique » Weber, 1998 [1921] est prĂ©curseur il propose une sociologie de la musique fondĂ©e sur une dĂ©marche de sociologie historique comparatiste, qui allie thĂ©orie et empirie et innove Ă  la croisĂ©e de la sociologie et de la musicologie. Analysant la maniĂšre dont s’est traduit, en musique, le processus de rationalisation Ă  l’Ɠuvre en Occident, il considĂšre Ă  la fois les transformations du langage musical la tonalitĂ©, l’harmonie, la notation, l’évolution des techniques en matiĂšre de facture instrumentale en particulier, leur inscription historique, Ă©conomique et sociale. Traduit tardivement en français par Jean Molino et Emmanuel Pedler, discutĂ© Ă  la lumiĂšre de travaux plus rĂ©cents, l’ouvrage demeure un essai novateur et fructueux. 13Parmi les auteurs publiĂ©s en France et pour la musique spĂ©cifiquement, outre Lionel Landry qui pose que la musique est un fait de conscience collectif » 1930, 114 dans son ouvrage sur la sensibilitĂ© musicale » et Maurice Halbwachs 1950 qui publie un texte sur la mĂ©moire collective chez les musiciens, Charles Lalo 1921 au dĂ©but du xxe siĂšcle, puis Marcel Belvianes 1951 et Alphons Silbermann 1955, 1968 ont chacun Ă  leur maniĂšre tentĂ© de poser les fondements d’une sociologie de la musique. Ces trois auteurs se sont situĂ©s par rapport Ă  l’esthĂ©tique traditionnelle qui a partie liĂ©e avec la philosophie, en des sens contraires pour les deux derniers Marcel Belvianes donne Ă  lire une conception idĂ©alisĂ©e de la musique le caractĂšre social de celle-ci tenant uniquement au fait qu’elle participe de la vie de chaque sociĂ©tĂ©, alors qu’Alphons Silbermann tend Ă  sociologiser l’analyse les Ɠuvres sont apprĂ©hendĂ©es en tant que symptĂŽmes de la sociĂ©tĂ©. Cependant, leurs propositions, essentiellement thĂ©oriques, demeurent de l’ordre de l’ esthĂ©tique sociologique » Lalo, 1921. À partir d’exemples d’Ɠuvres, de compositeurs ou de situations de la vie musicale, se distinguant de l’histoire de la musique par leur effort de gĂ©nĂ©ralisation BrĂ©van, 2005, ils s’attachent Ă  mettre en lumiĂšre des dĂ©terminations extra-esthĂ©tiques en maniant diversement le rapport aux valeurs, mais ils restent pris dans une lecture sociale de l’art » Hennion, 1993 qui oppose art et sociĂ©tĂ©, en une posture aporĂ©tique. 14ParallĂšlement, la pensĂ©e spĂ©culative allemande » Menger, 1994 s’intĂ©resse Ă  la musique et produit des textes Ă  redĂ©couvrir aujourd’hui. Comme celui de Max Weber, les Ă©crits d’Alfred SchĂŒtz 2007 et de Theodor W. Adorno 1994 sont traduits tardivement en France et demeurent encore en partie mĂ©connus. Pour ce dernier, Ă  la fois sociologue, philosophe, musicologue et compositeur, il faut crĂ©er une mĂ©thode d’investigation musico-sociologique » adaptĂ©e Ă  chaque phĂ©nomĂšne, conjuguant analyse interne » des Ɠuvres et analyse externe » [8]. Fruit de forces insĂ©rĂ©es dans des rapports de production, chaque Ɠuvre dĂ©tient un degrĂ© de vĂ©ritĂ© » rarement saisi par les consommateurs de musique. Cette thĂ©orie critique qui pose une relative et illusoire autonomie de l’art par rapport Ă  l’aliĂ©nation engendrĂ©e par la sociĂ©tĂ© de consommation a Ă©tĂ© fort discutĂ©e, aussi bien par les musicologues que les sociologues, la force de ses jugements de valeur en particulier ses prises de positions esthĂ©tiques contre le jazz tel qu’il le connaissait Ă  son Ă©poque rebutant. Son travail, qui participe d’une lecture sociale – Ă©laborĂ©e – de la musique, reste marquĂ© par l’emprise esthĂ©tique. C’est aussi le cas des travaux d’Ivo Supi?i? 1971, qui inscrit finalement davantage ses rĂ©flexions en histoire sociale qu’en sociologie, mais de maniĂšre opposĂ©e ce dernier rejete du champ des compĂ©tences sociologiques l’interrogation sur la musique et sur les Ɠuvres, rĂ©attribuĂ©e exclusivement Ă  l’esthĂ©tique. 15En France, ce n’est qu’à partir des annĂ©es 1960 que se dĂ©veloppe une vĂ©ritable sociologie d’enquĂȘte dans les domaines artistiques et culturels Moulin, 1988. En raison des profondes transformations sociales et du champ culturel, Ă  la faveur d’une demande institutionnelle Ă©manant notamment du ministĂšre de la Culture, un ensemble de travaux empiriques voit le jour. Ils rĂ©pondent Ă  un besoin de mieux connaĂźtre les producteurs et les consommateurs des arts et s’inscrivent dans le sillage d’une Ă©valuation des politiques instituĂ©es pour dĂ©mocratiser » la culture. Deux courants se sont ainsi formĂ©s PĂ©quignot, 2009 le premier regroupe des auteurs aux positions diverses comme Pierre Francastel, Roger Bastide et Jean Duvignaud gravitant autour de Georges Gurvitch ; le second se dĂ©veloppe autour de Raymond Aron, avec les travaux des Ă©quipes constituĂ©es par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, d’une part, et Raymonde Moulin, d’autre part. Les arts plastiques, le théùtre, les publics, la photographie constituent les premiers domaines d’investigation. L’intĂ©rĂȘt pour la musique vient plus tard. 16Pourtant, des colloques sur la musique ont lieu dans ces annĂ©es-lĂ  en France en 1961 se tient au Centre d’études sociologiques un Colloque sur la musique » [9]. En 1962, le Colloque international pour une sociologie de la musique les nouvelles structures musicales constituent-elles un phĂ©nomĂšne social ? » [10] interroge les transformations du langage musical savant » ; il fait appel Ă  des musicologues et ethnomusicologues, des compositeurs, des acteurs de la vie musicale, mais pas Ă  des sociologues. Quelques contributions sociologiques paraissent sur la chanson Bernard, 1964 et le jazz Newton, 1966. Aux États-Unis, dans les annĂ©es 1960 toujours, Howard S. Becker publie Outsiders 1985 [1963] qui comprend deux chapitres consacrĂ©s aux musiciens de danse » les musiciens des clubs de jazz des annĂ©es 1940-1950 Ă  Chicago. Mais l’influence de ce dernier en France ne se fait sentir de maniĂšre majeure qu’à partir des annĂ©es 1980, lorsque ses travaux sont traduits en français. 17À la faveur de la rĂ©instauration d’une section Sociologie de l’art » dans L’AnnĂ©e sociologique, Antoine Hennion constate ainsi en 1984 que la sociologie de la musique est moins avancĂ©e que celle de la peinture » Hennion, 1984, 379. Il lui consacre le premier dĂ©bat thĂ©matique en discutant des travaux anglophones, ceux de l’anthropologue de la musique John Blacking dont Le sens musical Ă©tait paru traduit en français en 1980 et l’ouvrage collectif intitulĂ© Whose Music? A Sociology of Musical Languages Sherperd et alii, 1977 proposant un modĂšle thĂ©orique systĂ©matique » pour la sociologie de la musique. À cette Ă©poque, en effet, des travaux en langue anglaise fleurissent, en particulier sur le rock et la culture juvĂ©nile, comme ceux de Simon Frith qui publie un premier opus The Sociology of Rock 1978 bientĂŽt suivi d’autres, ou ceux de Stith H. Bennett 1980. 18De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le colloque sur la Sociologie de l’art » organisĂ© en 1985 Ă  Marseille par Raymonde Moulin apparaĂźt comme fondateur d’un champ spĂ©cifique de la sociologie, celui de la sociologie des arts et de la culture. Sur la quarantaine de contributions, cinq portent directement sur la musique pour les aspects institutionnels et Ă©conomiques, FrĂ©dĂ©rique Patureau sur L’OpĂ©ra de Paris ou les ambiguĂŻtĂ©s de l’enjeu culturel » Moulin, 1999 [1986], 83-93 ; du cĂŽtĂ© des professions artistiques et des marchĂ©s de l’art, Jean-Louis Fabiani sur les CarriĂšres improvisĂ©es thĂ©ories et pratiques de la musique de jazz en France » 231-246 et Pierre-Michel Menger sur L’art, objet de science la recherche musicale savante contemporaine » 247-260 ; enfin, Ă  propos de la sociologie des Ɠuvres, John Shepherd Les exigences d’une sociologie des Ɠuvres musicales le cas des musiques “classiques” et “populaires” » 335-346 et Antoine Hennion La musique est une sociologie points de mĂ©thode, Ă  propos des thĂ©ories musicales de Rameau » 347-356. 19La fin des annĂ©es 1970 et les annĂ©es 1980 marquent ainsi le dĂ©veloppement de travaux empiriques sur la musique en France et l’investissement de chercheurs qui vont consacrer pleinement – au moins un temps – leurs recherches Ă  la musique. Si Bruno BrĂ©van soutient en 1977 une thĂšse de sociologie historique sur la vie musicale parisienne et le concert sous le rĂšgne de Louis XVI et sous la RĂ©volution, qui donne lieu Ă  la parution d’un ouvrage BrĂ©van, 1980, les autres chercheurs se concentrent davantage sur la pĂ©riode contemporaine. Pierre-Michel Menger commence Ă  publier sur la crĂ©ation musicale dans un premier article en 1977, avant son ouvrage sur La Condition du compositeur et le marchĂ© de la musique contemporaine en France 1979, bientĂŽt suivi par Le Paradoxe du musicien 1983 issu de sa thĂšse de doctorat. Antoine Hennion fait paraĂźtre Ă  la mĂȘme Ă©poque des recherches sur l’industrie du disque un premier document en 1975, suivi d’un ouvrage avec Jean-Pierre Vignolle sur L’Économie du disque en France 1978, puis de celui sur Les Professionnels du disque. Une sociologie des variĂ©tĂ©s 1981. La mĂȘme annĂ©e paraĂźt le premier rapport de l’ EnquĂȘte sur les Ă©lĂšves et anciens Ă©lĂšves des Ă©coles de musique contrĂŽlĂ©es par l’État » auquel il participe. En 1983, Anne-Marie Green soutient sa thĂšse sur le rapport des adolescents de lycĂ©es professionnels Ă  la musique, qui donne lieu Ă  la publication d’un ouvrage intitulĂ© Les Adolescents et la Musique 1986. Patrick Mignon commence Ă  publier sur le rock et Jean-Louis Fabiani sur le jazz. À la fin des annĂ©es 1980, Emmanuel Pedler fait paraĂźtre ses premiers articles sur l’opĂ©ra et sur l’écoute aprĂšs avoir soutenu une thĂšse proposant une sociosĂ©miotique de l’opĂ©ra verdien » en 1984. 20On ne peut bien sĂ»r citer tous les auteurs qui dĂ©veloppent une rĂ©flexion d’ordre sociologique sur la musique Ă  partir des annĂ©es 1980 [11]. Avant Jacques Attali avec son essai d’économie politique de la musique » 1977 et Françoise Escal avec Espaces sociaux. Espaces musicaux 1979, Paul Beaud et Alfred Willener avaient en effet proposĂ© dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1970 une rĂ©flexion sur la façon sans prĂ©cĂ©dent dont la musique s’intĂ©grait dans la vie quotidienne et se faisait porteuse d’une nouvelle culture » Beaud, Willener, 1973. Chercheur suisse hĂ©ritier de la pensĂ©e d’Adorno, aprĂšs avoir menĂ© des recherches en sociologie du travail, Alfred Willener se consacre Ă  la musique en travaillant successivement sur l’interprĂ©tation, les rapports sociaux Ă  l’Ɠuvre dans l’orchestre, l’improvisation. En outre, venus de la linguistique pour Louis-Jean Calvet, de l’histoire pour Jean-Claude Klein ou de la psychologie sociale pour Jean-Marie Seca, des Ă©tudes d’autres disciplines interrogent les rapports musique/sociĂ©tĂ© Ă  propos de la chanson, pour les premiers Calvet, 1981 Klein, 1990, les musiciens de rock, pour le troisiĂšme Seca, 1987. 21Les premiĂšres recherches empiriques en sociologie de la musique ont suivi plusieurs chemins, notamment celui des nouvelles » musiques, et en particulier le rock, oĂč la rĂ©flexion croise celle sur la culture jeune » voire le problĂšme jeune », sur les politiques urbaines, sociales et culturelles, sur la part des industries culturelles et des mĂ©dias dans ces phĂ©nomĂšnes. Autre type de nouvelle » musique, la musique contemporaine et la crĂ©ation ont Ă©tĂ© questionnĂ©es, Ă  l’aune du rĂŽle du marchĂ© et de celui de l’État et ses facultĂ©s d’intervention en France. Ainsi la rĂ©partition des tĂąches que l’on a parfois voulu voir entre une musicologie qui traiterait de musique sĂ©rieuse » et une sociologie qui se consacrerait Ă  la musique dite populaire n’est pas avĂ©rĂ©e du cĂŽtĂ© de cette derniĂšre en France [12].3 – Parcours intellectuels de quatre sociologues22Dans ce contexte fertile, certains auteurs proposent un renouveau des approches thĂ©oriques, empiriques et Ă©pistĂ©mologiques par rapport Ă  leurs prĂ©dĂ©cesseurs, en se distinguant notamment de l’ esthĂ©tique sociologique ». Les annĂ©es 1980 et 1990 voient ainsi la parution d’articles et d’ouvrages qui font date. Face Ă  la richesse et Ă  la multiplicitĂ© actuelle des dĂ©marches, il paraĂźt essentiel de revenir briĂšvement sur des travaux qui ont ouvert des voies heuristiques. Appartenant Ă  la gĂ©nĂ©ration du baby-boom [13], les quatre contributeurs Ă  ce numĂ©ro ont Ă©tĂ© formĂ©s d’abord Ă  d’autres disciplines la philosophie Ă  l’ens, pour Jean-Louis Fabiani et Pierre-Michel Menger, comme nombre de sociologues avant eux Raymond Aron, Pierre Bourdieu, mais aussi le droit, pour Emmanuel Pedler, les sciences de l’ingĂ©nieur et la musicologie, pour Antoine Hennion. Pour autant leur doctorat s’inscrit en sociologie, discipline Ă  laquelle les chercheurs Ă  leur suite seront plus frĂ©quemment initialement formĂ©s. Revenons un temps sur l’itinĂ©raire de recherche de chacun d’entre eux. 23Directeur d’études Ă  l’ehess et professeur Ă  la Central European University Budapest, Jean-Louis Fabiani n. 1951 a soutenu en 1980 Ă  l’ehess, sa thĂšse sur l’étude des configurations de savoir ». Elle a donnĂ© lieu Ă  l’ouvrage Les Philosophes de la RĂ©publique 1988. Ses recherches actuelles interrogent des problĂ©matiques essentielles en sociologie de la culture sur savant/populaire et sur la lĂ©gitimitĂ© culturelle. Tout au long de ses travaux court un fil qui le relie rĂ©guliĂšrement Ă  la musique, au jazz en particulier et au music-hall Fabiani, 2006. Ce thĂšme de recherche prend une importance dans son parcours sans doute plus forte qu’il ne le laisse entendre comme en tĂ©moignent les thĂšses qu’il a dirigĂ©es sur le rap Pecqueux, 2003, le jazz Roueff, 2007 et la globalisation des formes musicales jazz/rock Dorin, 2005. 24Par le jazz se trouve abordĂ©e la question des arts moyens », de la tension entre cultures savantes et populaires, des formes de rĂ©ception et leurs variations historiques. Son article CarriĂšres improvisĂ©es » augure ainsi d’une analyse, non pas des carriĂšres de musiciens de jazz au sens de Everett Hughes ou de la sociologie du travail, mais de la constitution sociale de l’objet “jazz” en France » Fabiani, 1986, 231 il montre comment le jazz a Ă©tĂ© perçu et construit comme tel et quel a Ă©tĂ© l’impact des processus de thĂ©orisation de cette musique sur sa perception et sa caractĂ©risation en musique noire ». L’ethnicisation de cette musique a partie liĂ©e avec la constitution et l’influence d’une jazzophilie » faite par des blancs » en France. L’article Ă©voque Ă©galement le processus de lĂ©gitimation du jazz, par le biais de politiques culturelles, d’un processus d’institutionnalisation enseignement, commandes d’État
 et l’avĂšnement d’ employĂ©s du jazz ». Mais les Ă©crits qui suivent Fabiani, 2008 nuancent cette analyse. Jean-Louis Fabiani montre que le jazz, loin d’ĂȘtre un art moyen » en homologie avec les goĂ»ts de la petite bourgeoisie », se rĂ©vĂšle aprĂšs enquĂȘte un art de la tension entre deux extrĂȘmes » comme il l’explique dans ce numĂ©ro. Au contact de terrains particuliers, la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle telle que dĂ©veloppĂ©e par Pierre Bourdieu en vient Ă  ĂȘtre ainsi fortement amendĂ©e. 25Antoine Hennion n. 1952 est professeur Ă  l’École des Mines et membre du Centre de sociologie de l’innovation qu’il a dirigĂ© de 1994 Ă  2002. Il dĂ©veloppe une sociologie de la culture Ă  partir de la musique Ă  laquelle il consacre la majoritĂ© de ses travaux parmi d’autres sur la radio, la publicitĂ©, le design, le vin, et plus rĂ©cemment les humanitĂ©s altĂ©rĂ©es » par le handicap, la vieillesse, l’alcoolisme
. Comme pour les autres auteurs, on ne peut Ă©voquer tous ses Ă©crits, tant les thĂ©matiques de recherches sont fĂ©condes. Elles portent principalement sur le disque, sur les Ă©lĂšves des conservatoires et l’enseignement musical en France, sur les amateurs et les auditeurs, l’écoute et les goĂ»ts, sur la musique ancienne, Bach et Rameau en particulier, mais aussi sur l’opĂ©ra, le rock
, et le conduisent Ă  diriger des thĂšses par exemple Ă  propos du heavy metal Petesch, 2009. La mĂ©diation, puis les attachements » et sa conception pragmatiste de la sociologie y trouvent leurs fondements. 26Dans ses premiers travaux sur l’industrie du disque, Antoine Hennion montre le rĂŽle essentiel, dans la production d’une chanson de variĂ©tĂ©, du directeur artistique en tant que mĂ©dium » qui incarne le public ses dĂ©sirs, ses envies
 » Hennion 1981, 13. Dans La Passion musicale 1993, ouvrage issu de la thĂšse qu’il a soutenue en 1991, Antoine Hennion dĂ©veloppe sa thĂ©orie de la mĂ©diation. AprĂšs avoir interrogĂ© le renouveau » de la musique baroque, sa redĂ©couverte qui est en fait une rĂ©invention de cette musique aujourd’hui Ă  l’aide d’objets instruments, disques
 outre les traitĂ©s thĂ©oriques anciens, il discute les thĂ©ories en sociologie de l’art et en histoire sociale de l’art et explique que le moyen de saisir l’objet musique est de l’apprĂ©hender par ses mĂ©diations, par les liens musique-auditeur, par les gestes, la scĂšne, les instruments, les partitions
 27Poursuivant ces pistes, il s’intĂ©resse notamment aux amateurs et Ă  Bach au cƓur de deux ouvrages publiĂ©s en 2000. Avec le musicologue JoĂ«l-Marie Fauquet, il analyse comment s’est créé un goĂ»t pour les musiques du passĂ© avec Bach au xixe siĂšcle Fauquet, Hennion, 2000. L’élaboration d’un amour de la musique » et l’avĂšnement de l’ amateur » au sens de celui qui aime et cultive ce goĂ»t sont constitutifs de l’appropriation de cette musique en la transformant par des arrangements divers, en produisant discours et commentaires
 et modifient l’approche de la musique en gĂ©nĂ©ral. Les diffĂ©rentes figures de l’amateur » Hennion, Maisonneuve, Gomart, 2000 doivent prendre place dans l’histoire de la musique, qui est aussi une histoire de l’écoute et du goĂ»t marquĂ©e par la discomorphose ». Mis en parallĂšle avec l’effet d’une drogue, toutes proportions gardĂ©es, l’attachement pour la musique passe fortement par le rapport Ă  des objets comme le disque. 28Dans l’hĂ©ritage de la pensĂ©e de Bruno Latour et de Michel Callon, membres du mĂȘme laboratoire de recherche, Antoine Hennion propose ainsi une approche pragmatiste de la sociologie et de la musique. En tant que telle et posĂ©e a priori, cette derniĂšre n’existe pas, pas plus que le social. Pour reprendre les termes de l’auteur, les choses et les objets nous font », par les prises » qu’ils exercent sur nous. Les collectifs, les corps et les subjectivitĂ©s font exister la musique dans un faire ensemble ». Son approche de la musique se positionne ainsi contre la sociologie critique de Pierre Bourdieu, refusant une position qu’il estime surplombante » dominants/dominĂ©s et sociologiste marquĂ©e par le discours sur la croyance ». Elle critique Ă©galement les approches qui Ă©vacuent la musique parce qu’elles restent dans un dualisme entre sociologie et esthĂ©tique, objet et sujet. Dans la perspective qui est la sienne, insistant sur les capacitĂ©s rĂ©flexives des acteurs, il faut partir de l’appropriation, montrer comment l’objet musique devient objet de dĂ©sir », producteur de sens et d’imaginaire. À la question essentialiste de la nature de l’objet se substitue alors l’interrogation sur ce que fait la musique » et ce qu’elle fait faire », Ă  ceux qui la goĂ»tent et l’apprĂ©cient. 29Pierre-Michel Menger n. 1953 est directeur de recherche au cnrs et directeur d’études Ă  l’ehess ; il a dirigĂ© le Centre de Sociologie du Travail et des Arts de 1993 Ă  2009. La crĂ©ation musicale contemporaine a constituĂ© son premier domaine d’investigation notamment pour son doctorat on l’a vu, oĂč il a rĂ©alisĂ© une enquĂȘte d’envergure sur les compositeurs et leurs liens Ă  l’État, ces travaux ayant Ă©tĂ© prolongĂ©s par une Ă©tude des publics de la musique contemporaine Menger, 1986 et sur Les Laboratoires de la crĂ©ation musicale 1989. Il y montre le caractĂšre assistĂ© » de la crĂ©ation notamment le poids des commandes, les carriĂšres des compositeurs Ă©tant trĂšs liĂ©es Ă  cette institutionnalisation. La question des publics et de l’écoute de la musique contemporaine en dĂ©coule ; elle interroge le schisme communĂ©ment admis entre crĂ©ateurs et auditeurs et montre la coupure entre une consommation volontariste » et la perception de cette musique fondĂ©e sur des compromis. 30D’une terminologie bourdieusienne dans le Paradoxe du musicien 1983, l’analyse se dĂ©clinant en termes de prises de positions esthĂ©tiques Ă  mettre en relation avec des dispositions sociales et la position professionnelle des crĂ©ateurs, Pierre-Michel Menger en vient trĂšs vite Ă  une critique de la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle Ă  propos de l’apprĂ©ciation problĂ©matique par mise en suspend du jugement critique de la musique contemporaine mĂȘme pour les auditeurs censĂ©s ĂȘtre les plus cultivĂ©s ». De maniĂšre sous-jacente, la rĂ©flexion sur la musique comme type de langage, ses dĂ©terminations temporelles et historiques au regard des paradigmes esthĂ©tiques, est essentielle. 31Par la suite, ses recherches ont portĂ© sur les comĂ©diens et les intermittents, et, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, sur le travail et les professions artistiques, les marchĂ©s de l’art, les nouvelles formes de salariat. Aujourd’hui, il s’intĂ©resse au monde acadĂ©mique Ă  propos de questions telles que les inĂ©galitĂ©s de talent et de gain, questions au cƓur de son ouvrage synthĂ©tique Le travail crĂ©ateur 2009. L’analyse des professions artistiques et scientifiques est menĂ©e sous l’angle de la gestion de l’incertitude comme moteur des pratiques crĂ©atrices, Ă  la lumiĂšre des enseignements de la thĂ©orie Ă©conomique. L’incertitude engendre la surprise qui procure une gratification au travail de l’artiste ou du crĂ©ateur, lui-mĂȘme soumis Ă  de perpĂ©tuels réévaluations. Des diffĂ©rences minimes de talent produisent des inĂ©galitĂ©s patentes de rĂ©ussite dans des univers nĂ©cessairement inĂ©galitaires », empreints de concurrence, comme le montre cette thĂ©orie de l’action en horizon incertain ». 32Tout au long de cet ouvrage qui thĂ©orise son approche, la musique se fait entendre. Pierre-Michel Menger a d’ailleurs consacrĂ© en 2002 une analyse au talent et au gĂ©nie Ă  propos de Beethoven, oĂč il critique des postures constructivistes thĂ©oriques comme celle de Theodor W. Adorno ou empiriques comme celles de Norbert Élias et surtout de Tia DeNora pour privilĂ©gier une analyse dynamique » en termes de rĂ©seaux, de variations de talent qui se renforcent et finissent par produire des Ă©carts consĂ©quents en matiĂšre de soutien de l’activitĂ© et de reconnaissance du gĂ©nie ». Aux forces sociales de macro-acteurs en lutte, il entend opposer une analyse plus micro- sociologique, moins dĂ©terministe, oĂč les stratĂ©gies des acteurs intĂšgrent le feed-back produit par le jugement incessant des musiciens eux- mĂȘmes et d’autres acteurs au jeu de concurrence du milieu. Y transparaĂźt par touches, en particulier Ă  la fin du texte, le statut historique, social et symbolique spĂ©cifique de la musique sĂ©rieuse ou savante ». AprĂšs Beethoven et le gĂ©nie, mais aussi Rodin et l’inachĂšvement, il approfondit dans ce numĂ©ro sa conception d’une sociologie de l’Ɠuvre musicale. Ajoutons qu’il a dirigĂ© plusieurs thĂšses sur le rock Mignon, 1996, les professions et carriĂšres musicales Coulangeon, 1998, le lien entre innovation Ă©conomique, sociale et esthĂ©tique pour la musique ancienne François, 2000 ou les musiques Ă©lectroniques Jouvenet, 2003. 33Enfin, Emmanuel Pedler n. 1956 est directeur d’études Ă  l’ehess de Marseille. Sa thĂšse soutenue en 1985 et son habilitation Ă  diriger des recherches 1996 portent entre autres sur l’opĂ©ra auquel il consacre un ouvrage Pedler, 2003 et plusieurs articles mobilisant notamment une approche sociohistorique. Il s’intĂ©resse aux carriĂšres de spectateurs et d’auditeurs et travaille parallĂšlement sur l’écoute en dialoguant avec la musicologie. Pour caractĂ©riser les modalitĂ©s et les paramĂštres de l’écoute plus prĂ©cisĂ©ment que dans les enquĂȘtes sur les goĂ»ts musicaux, il mĂšne par exemple des expĂ©riences Ă  l’aide de socio-audigrammes » Pedler, 1994. Il montre ainsi que la finesse de l’écoute varie en fonction du degrĂ© de conversion musicale », d’une part, mais aussi que les Ɠuvres du grand rĂ©pertoire » peuvent faire Ă  la fois l’objet d’une lecture commune » et d’une Ă©coute savante », y compris chez les professionnels. 34Ses recherches sur le concert et sur l’institutionnalisation de la musique savante Pedler, 2004 prolongent la mise en question des fondements de la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle pertinente quant Ă  l’importance des institutions, cette thĂ©orie est Ă  nuancer quant aux formes de rĂ©ception qui, rapportĂ©es aux diffĂ©rents types de public, sont loin d’ĂȘtre uniformes pour un mĂȘme groupe. Comme il le montre Ă  propos d’une reprĂ©sentation du BƓuf sur le toit de Darius Milhaud Pedler, 2004, confrontation », malentendus culturels » et complicitĂ©s dans le malentendu » caractĂ©risent la rĂ©ception en concert musiciens et public lyrique sensibilisĂ© Ă  la musique dite savante apprĂ©cient de maniĂšre opposĂ©e la prestation, montrant la diversitĂ© des entendements musicaux ». En outre, le concert et chaque type d’institution provoquent la construction d’un rapport particulier Ă  la chose musicale ». 35De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Emmanuel Pedler s’intĂ©resse Ă  la rĂ©ception des Ɠuvres – musicales, visuelles et théùtrales dans d’autres travaux – ainsi qu’aux formes culturelles de la communication, ancrant sa rĂ©flexion en sociologie de la culture. La sociologie de la musique continue cependant de l’occuper, par la direction de thĂšses par exemple sur le rap Sberna, 2000 et les musiques particularistes » Cestor, 2004, mais aussi par la relecture de textes fondateurs en sociologie de la musique. Depuis la traduction du texte inachevĂ© de Max Weber 1998, il Ɠuvre Ă  en montrer l’intĂ©rĂȘt actuel pour la sociologie de la culture – Ă  l’instar de ceux de Georg Simmel, mais aussi Alfred SchĂŒtz et Maurice Halbwachs comme il l’évoque dans ce numĂ©ro – au-delĂ  des malentendus sur sa lecture Pedler, 2006, 2008. En particulier, la dĂ©marche sociohistorique comparative et l’importance des techniques dans l’évolution des formes culturelles constituent des directions de recherche qu’il contribue lui-mĂȘme Ă  problĂ©matiser. 36La diversitĂ© des thĂ©matiques et des approches des quatre auteurs montre, s’il Ă©tait encore besoin de s’en convaincre, que se lisent lĂ  des sociologies de la musique, des maniĂšres diffĂ©rentes et complĂ©mentaires de faire de la sociologie de la musique. Sociologies du travail musical, de la mĂ©diation, de la rĂ©ception, sociomusicologie, elles sont liĂ©es Ă  la sociologie des arts et de la culture, des professions, des rĂ©seaux, etc. Aucun des quatre auteurs d’ailleurs ne laisserait Ă©tiqueter ses recherches sous une seule acception, mĂȘme s’ils citent l’une ou l’autre parmi leurs domaines d’étude. Ces quatre sociologues participent Ă  l’impulsion donnĂ©e depuis le dĂ©but des annĂ©es 1980 Ă  la sociologie de la musique en France, notamment en dirigeant des thĂšses, avec d’autres comme Anne-Marie Green. Le foisonnement des recherches depuis une dizaine d’annĂ©es en France suit des pistes ouvertes par leurs travaux recherches sur le travail et les professions musicales interprĂštes, musiciens ordinaires » , la crĂ©ation et la production musicales au sein des musiques savantes » comme populaires », le marchĂ© de la musique au fil de ses Ă©volutions en fonction de l’apparition de nouveaux supports
, les institutions et les politiques musicales lĂ©gitimant » par exemple des musiques comme le rock, l’écoute et les expĂ©riences musicales oĂč publics, mĂ©lomanes, amateurs au sens d’aficionados, ou encore Ă©motions esthĂ©tiques sont apprĂ©hendĂ©s, les Ɠuvres et les interprĂ©tations au cƓur d’interrogations toujours renouvelĂ©es
 tout en explorant de nouveaux terrains et d’autres approches. On en trouvera une prĂ©sentation par CĂ©cile PrĂ©vost-Thomas Ă  la suite des Ă©tudes de nos quatre – Un rapport Ă©troit Ă  la musique37Non spĂ©cifique Ă  ce domaine – rebattue selon d’aucuns –, une question se pose pourtant avec acuitĂ© dans les dĂ©bats sur les dĂ©marches heuristiques en sociologie des arts et de la culture, tout particuliĂšrement en musique faut-il ĂȘtre musicien » pour mener des recherches pertinentes sur la musique, Ă  tout le moins pour mener des enquĂȘtes et comprendre ce qui se dĂ©roule sur le terrain ? Musicien » s’entend ici en un sens large qui comprend de multiples acceptions ĂȘtre formĂ© Ă  la musique, jouer soi-mĂȘme de la musique d’une maniĂšre ou d’une autre, ĂȘtre reconnu comme l’un des membres du milieu » sur lequel porte l’enquĂȘte on n’emploie pas ici Ă  dessein le terme professionnel » qui ne recouvre pas forcĂ©ment la mĂȘme signification pour les acteurs concernĂ©s et pour l’observateur. Ou alors, la condition minimale » requise est-elle de bien connaĂźtre » le milieu Ă©tudiĂ©, voire d’apprĂ©cier particuliĂšrement la musique qui y est produite ? Ou encore, rien de tout cela n’est-il nĂ©cessaire, l’implication pouvant reprĂ©senter davantage une entrave, un biais potentiel contre lequel se prĂ©munir ? 38Howard S. Becker, musicien de jazz et sociologue observant son propre milieu, dans Outsiders et d’autres Ă©crits Faulkner, Becker, 2009, reprĂ©sente actuellement une figure tutĂ©laire pour de nombreux sociologues en contact avec un terrain musical spĂ©cifique. Les quatre auteurs dont nous venons d’apprĂ©hender le parcours intellectuel entretiennent chacun un rapport particulier Ă  la musique, qui – contrairement Ă  H. S. Becker – n’est pas de l’ordre de l’observation participante oĂč relations personnelle et scientifique se mĂȘlent indissociablement. Cependant, leur façon de concevoir la sociologie est pour chacun d’eux marquĂ©e par leur intĂ©rĂȘt intellectuel pour la musique, par leurs goĂ»ts et leur pratique le cas Ă©chĂ©ant. DĂ©couvrir un tant soit peu le rapport qu’ils entretiennent avec la musique permet donc de mieux saisir la construction de leur pensĂ©e, outre leur approche de cet objet » en tant que chercheurs [14]. 39Tout d’abord, deux d’entre eux ont Ă©tĂ© formĂ©s longuement, en particulier Ă  la musique dite classique qu’elle soit enseignĂ©e en conservatoire ou en cours particuliers. Les deux autres formulent des regrets face Ă  une absence de formation et/ou un manque de pratique. Si Pierre-Michel Menger a regrettĂ© infiniment de n’avoir appris le piano », Jean-Louis Fabiani explique 40 J’ai fait un peu de piano et de solfĂšge Ă©tant enfant, mais surtout j’ai fait du chant classique Ă  la Schola Cantorum quand j’étais Ă  l’ens et plus tard. J’ai toujours regrettĂ© de n’avoir pas fait plus de musique et je reprends des cours ici Ă  Budapest. » 41Emmanuel Pedler, quant Ă  lui, a suivi un cursus d’apprentissage de la musique et du violon depuis l’enfance, qui s’est prolongĂ© plus tard par la pratique de la musique de chambre 42 Mon rapport privĂ© Ă  la musique est Ă©troit depuis longtemps maintenant. Des Ă©tudes au cnr de Nice d’abord prix de violon, poursuivies, Ă  la fin, en parallĂšle avec mes Ă©tudes de droit. J’ai eu la chance Ă  ce moment d’avoir Paul Tortelier comme professeur de musique de chambre. Depuis j’ai continuĂ© Ă  pratiquer la musique de chambre – piano et violon et plus rĂ©cemment clavecin et violon. » 43Pour Antoine Hennion, l’apprentissage de la musique s’est fait Ă  partir de l’adolescence, Ă  l’école, au sein d’une chorale de garçons. À la mĂȘme Ă©poque, il commence Ă  prendre des leçons particuliĂšres de piano auprĂšs d’une professeure de la filiĂšre post-Cortot » qui Ă©tait excellente pour apprendre Ă  aimer la musique ». Il poursuit ses Ă©tudes de piano jusque pendant ses annĂ©es de classes prĂ©paratoires puis d’étudiant Ă  l’École des Mines, mais un tel apprentissage – exigeant – devient de moins en moins tenable ». ParallĂšlement, il s’inscrit en musicologie Ă  la Sorbonne oĂč il soutient une maĂźtrise 1978. Il apprend Ă©galement la clarinette durant quatre ou cinq ans avec un professeur de conservatoire hypertraditionnel » et joue beaucoup avec des amis. 44 J’ai fait plein de musiques avec des copains, des dĂ©chiffrages tout Bach instrumental Ă  la clarinette basse ou presque !, des groupes dans la rue pour soutenir le comitĂ© Chili en jouant des mĂ©lodies sud-amĂ©ricaines Ă  la clarinette, 
 un groupe d’amateurs aux Mines, etc. » 45Enfin vient l’apprentissage du chant, plus tardif, auprĂšs de plusieurs enseignants successifs 46 [Je ne faisais] plus de chorale, mais j’ai toujours chantĂ©, fort et fort mal, sans avoir encore un goĂ»t particulier pour l’opĂ©ra, donc sans penser Ă  travailler la voix. Le chant, c’est venu tard, vraiment tard, vers 45 ans, d’une copine qui m’a dit “m’enfin, tu chantes tout le temps, essaie de le faire pour de bon”. 
 Entre-temps, je m’étais mis Ă  apprĂ©cier l’opĂ©ra, comme beaucoup avec l’ñge, mais pas du tout Verdi-Wagner, au contraire, tous les autres, en particulier les Français du xixe siĂšcle, Ă  mon sens bien trop dĂ©daignĂ©s. Et comme j’ai une grosse voix de basse-baryton, je prends un plaisir Ă©norme Ă  aller de Bach ou FaurĂ© ou Schumann Ă  Verdi, pour le chanter, ou Bizet ou Massenet
 » 47Emmanuel Pedler et Antoine Hennion continuent Ă  pratiquer la musique mais juste en amateur, on fait quelques auditions ou concerts aux Mines en fin d’annĂ©e, rien de plus » explique ce dernier. Jean-Louis Fabiani est par ailleurs depuis onze ans prĂ©sident du conseil d’administration de l’orchestre des jeunes de la MĂ©diterranĂ©e rĂ©unissant vingt et un pays. Quant Ă  Pierre-Michel Menger, il est un fervent mĂ©lomane. 48Le goĂ»t prononcĂ© pour la musique est partagĂ© par les quatre sociologues. Il Ă©claire le choix de travailler sociologiquement sur celle-ci – de maniĂšre distincte pour chacun d’eux – goĂ»ts et rapport Ă  la musique Ă©voluant au cours des annĂ©es de recherche. Pour Pierre-Michel Menger, la rencontre » avec la musique a fondĂ© une vĂ©ritable passion, dont le rĂ©cit est apparentĂ© Ă  celui que font certains musiciens de la naissance d’une vocation » nĂ©e d’un coup de foudre » ou d’ une rencontre » prĂ©cisĂ©ment. 49 Mon rapport Ă  la musique est celui d’une passion nĂ©e Ă  11 ans, fortuitement un ami de la famille dĂ©cĂ©dĂ© lĂšgue, pour moi, un bureau en chĂȘne que j’ai toujours et cinq 33 tours de musique classique – Beethoven, Mozart, Wagner – et c’est une Ă©tincelle qui se transforme en incendie dans mes neurones et ma sensibilitĂ©, et s’est transformĂ©e en goĂ»t profond uniquement par la mĂ©diation du disque, puis, Ă  Paris, quand j’y ai fait mes Ă©tudes, du concert et de l’opĂ©ra. 
 Plusieurs camarades normaliens, surtout parmi les scientifiques, Ă©taient d’excellents pianistes et j’adorais passer des nuits Ă  les Ă©couter jouer en sous-sol, rue d’Ulm. » 50Cette rencontre se double d’une curiositĂ© assez vive pour la musique moderne contemporaine, au moment mĂȘme oĂč [il] dĂ©couvr[e] la musique » 51 Je me souviens d’avoir Ă©tĂ© mĂ©dusĂ© par l’écoute de la Musique pour cordes, percussion et cĂ©lesta de BartĂłk, dont un camarade de classe m’avait passĂ© le disque, puis d’avoir voulu Ă©couter en classe de musique la totalitĂ© du Concerto de Jolivet dont la professeur de musique avait prĂ©sentĂ© un extrait aux Ă©lĂšves, et encore d’avoir Ă©tĂ© troublĂ© par l’écoute d’Ɠuvres de VarĂšse et Xenakis, qui passaient sur ce qui est devenu France-Musique ensuite. Tout ça dans ma province lorraine, Ă  Forbach, oĂč pas une once de musique vivante n’était Ă  portĂ©e d’ouĂŻe, jusqu’à la fin des annĂ©es 1960. » 52Cela ne sera pas sans consĂ©quence sur son investissement dans des recherches sur la crĂ©ation contemporaine, puisque explique-t-il cela m’a dĂ©terminĂ© Ă  choisir mon sujet de doctorat, mais pas au point de renoncer Ă  la recherche pour apprendre l’écriture et la composition, comme me l’a proposĂ© Maurice Ohana ». Pour Emmanuel Pedler le parcours est inverse. Il a commencĂ© Ă  travailler sur l’opĂ©ra selon un choix qui a Ă©tĂ© plus directement pilotĂ© par des motifs intellectuels que par un goĂ»t pour [celui-ci] ». Il en va diffĂ©remment aujourd’hui 53 Le parcours musical de mes enfants 
 m’a confrontĂ© Ă  d’autres rĂ©pertoires et m’a introduit Ă  la musique baroque vers laquelle je penche de plus en plus. Ma curiositĂ© pour la fin du xviie et le tout dĂ©but xviiie italien s’ancre ainsi doublement intellectuellement pour explorer dans une perspective wĂ©bĂ©rienne des voies encore indĂ©frichĂ©es, musicalement pour saisir la posture et l’expĂ©rience musicales des compositeurs et interprĂštes oubliĂ©s aujourd’hui comme Veracini, Carbonelli ou Mascitti. » 54De son cĂŽtĂ©, Antoine Hennion a travaillĂ© sur les variĂ©tĂ©s » lors de ses premiers travaux sociologiques et musicologiques mais, Ă©galement, moins par goĂ»t pour des musiques – dont il estimait alors qu’elles Ă©taient situĂ©es en dehors du domaine de l’art – que par nĂ©cessitĂ© scientifique 55 A priori plus sensibles Ă  la musique classique ou contemporaine et au jazz, tant par goĂ»t que par formation et intĂ©rĂȘts thĂ©oriques, nous avons sur le terrain opĂ©rĂ© un premier dĂ©placement, qui s’imposait le disque, c’est avant tout les variĂ©tĂ©s. » 56Quant Ă  Jean-Louis Fabiani, il se reconnaĂźt comme amateur de jazz » Fabiani, 2008 mais prĂ©cise par ailleurs 57 Je me suis toujours intĂ©ressĂ© Ă  des objets pĂ©riphĂ©riques en musique jazz ou music-hall sur lequel je prĂ©pare un livre avec Jacques Cheyronnaud mais j’ai des goĂ»ts personnels plus lĂ©gitimes. » 58Les goĂ»ts des quatre sociologues les portent surtout vers les musiques communĂ©ment classĂ©es comme savantes musiques an- cienne et baroque, musiques classique et romantique, opĂ©ra, musique contemporaine
 Mais il peut comprendre des incursions vers d’autres rĂ©pertoires. Antoine Hennion aime Bach avant tout, Schumann, Rameau et la musique française de la fin du xixe et du dĂ©but du xxe siĂšcles, mais il a aimĂ© le rock des annĂ©es 1960 il regrette d’avoir vendu tous ses disques en 1968, le jazz Charlie Parker, Archie Shepp et la musique contemporaine. Surtout, le rapport personnel Ă  la musique s’ancre dans des pratiques intimement liĂ©es Ă  l’activitĂ© intellectuelle telle que l’écoute de disques 59 J’ai une Ă©norme collection de disques, au fur et Ă  mesure de mes strates de goĂ»ts en 33 tours puis cd pas encore trop Internet. Mais surtout, sauf pour des rĂ©dactions pointues, je travaille en Ă©coutant. C’est mon rapport no 1 Ă  la musique aujourd’hui, mĂȘme avant le chant que j’adore, on sort de chaque leçon en possĂ©dant le monde, avec l’impression d’avoir enfin tout compris et de repartir Ă  zĂ©ro mais que tout s’ouvre
. En fait je suis un Ă©couteur de kilomĂštres et de kilomĂštres de musiques. » 60On le voit, le lien est fort et parfois indissociable entre une passion ou un goĂ»t pour la musique et la pratique scientifique. Le rapport qui s’est construit au fil des annĂ©es avec certaines musiques a eu, de diverses maniĂšres, une incidence rĂ©elle sur le choix des sujets de recherche ou la maniĂšre mĂȘme de faire de la sociologie. La question de la distance au sujet de recherche, de la neutralitĂ© scientifique » et de l’objectivitĂ© y est mĂȘlĂ©e. Si cette question peut apparaĂźtre comme banale, elle n’en demeure pas moins abordĂ©e par chacun des sociologues comme un questionnement au fondement de leur positionnement et de leur dĂ©marche. Dans la prĂ©face » au Paradoxe du musicien, Raymonde Moulin donne comme clĂ© » de l’ouvrage l’ admiration [de Pierre-Michel Menger] pour l’activitĂ© de crĂ©ation » et explique 61 Je sais la fascination qu’ont exercĂ©e sur lui ses interlocuteurs et quel ascĂ©tique effort lui a demandĂ© la prise de distance que le sociologue s’impose, par exigence de mĂ©thode, Ă  l’égard du milieu observĂ©. » 62Partageant ce principe d’une distance » nĂ©cessaire avec son domaine de recherches lors de ses premiers travaux sur l’opĂ©ra, Emmanuel Pedler se montre aujourd’hui plus nuancĂ©. Il adopte ainsi une position bien diffĂ©rente vis-Ă -vis de ses goĂ»ts et intĂ©rĂȘts musicaux comme moteur » de comprĂ©hension scientifique, Ă  propos de la musique italienne des xviie et xviiie siĂšcles. Il estime en outre que le rapport plus ou moins familier et complice Ă  un rĂ©pertoire et/ou une forme musicale agit en consĂ©quence sur la teneur de l’analyse 63 J’avoue avoir toujours travaillĂ© sur l’opĂ©ra Italien et français du xixe avec une certaine distance. J’ai longtemps Ă©tĂ© persuadĂ© que cette distance Ă©tait salutaire. Est-ce vraiment le cas ? L’intĂ©rĂȘt portĂ© Ă  la forme musicale qu’on Ă©tudie est Ă©galement un bon moteur pour la comprendre de l’intĂ©rieur. D’une certaine façon, expĂ©rimenter les deux postures – distance vis-Ă -vis de l’opĂ©ra du xixe et goĂ»t pour la musique italienne des xviie et xviiie siĂšcles – constitue un dispositif comparatif intĂ©ressant. Je note que dans l’un et l’autre cas, les styles des recherches que j’ai dĂ©veloppĂ©es ont variĂ© significativement, sans doute parce que ces deux chantiers ont Ă©tĂ© engagĂ©s Ă  des moments trĂšs diffĂ©rents du dĂ©roulement de carriĂšre, dans des contextes intellectuels qui ont bougĂ©, etc.. Dans tous les cas il serait impossible de permuter les deux terrains l’un Ă©loignĂ©, l’autre proche sans modifier significativement les cadres d’analyse mobilisĂ©s. » 64Les thĂ©matiques des travaux d’Antoine Hennion recoupent ses goĂ»ts de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, ainsi des amateurs et de la discomorphose, de Rameau et de ses thĂ©ories, de l’opĂ©ra français, du travail sur Bach. Mais ce rapport Ă  la musique fonde finalement toute sa dĂ©marche sociologique et la nĂ©cessitĂ© de ne pas dissocier l’objet et le goĂ»t pour l’objet de l’étude. On l’a vu, pour lui, il n’y a pas d’ objet » – lĂ , en dehors – duquel le/la sociologue devrait se dĂ©tacher pour mieux l’analyser. Tout se joue dans des rapports d’attachement qui impliquent le/la chercheure. Antoine Hennion a dĂ©veloppĂ© Ă  plusieurs reprises la nĂ©cessitĂ© de revenir sur la fausse Ă©vidence de l’injonction de distance et de recul, confondue avec une objectivitĂ© critique » qui est aussi une critique de la sociologie critique, comme Ă  propos de l’écoute 65 L’écoute est bien aussi un dĂ©fi Ă  la sociologie que peux-tu dire de la musique, sans mettre en jeu ton propre amour de la musique, et d’abord, sans Ă©couter toi-mĂȘme ? Le mot Ă©coute est parfait, pour cela, il Ă©vite la dualitĂ© du rapport Ă  l’objet s’y connaĂźtre ou non, l’aimer ou non, se “faire avoir” en y croyant ou montrer la croyance en l’objet, pour rameuter une large palette d’aspects variĂ©s de l’activitĂ© musicale l’attention d’un “je”, la prĂ©sence-rĂ©fĂ©rence Ă  d’autres, les effets de la durĂ©e, de la rĂ©pĂ©tition, l’appareillage de l’oreille, les instruments de la production sonore, la rĂ©action corporelle et le dĂ©veloppement rĂ©flexif d’une sensibilitĂ©. » 66Outre le choix des thĂ©matiques de recherche et la question de la distance et/ou de l’implication, l’incidence du rapport personnel Ă  la musique sur la pratique sociologique s’inscrit ainsi dans la maniĂšre mĂȘme de concevoir la sociologie. Cette incidence peut se traduire encore autrement, ces Ă©lĂ©ments Ă©tant trĂšs liĂ©s, au travers des questions intellectuelles qui taraudent le/la chercheure mais aussi dans l’écriture elle-mĂȘme comme le souligne Pierre-Michel Menger 67 Je crois bien avoir trouvĂ© dans la musique au moins deux obsessions le problĂšme de la temporalitĂ© et de son architecture logique et sensible, et l’obsession du phrasĂ©, dans l’écriture quand je peux, en mettant l’accent sur les points importants d’une formulation de problĂšme et dans l’exposĂ© oral. » 68Au travers des parcours intellectuels de ces quatre sociologues et de leurs prĂ©occupations de chercheurs, la question du rapport personnel Ă  la musique se trouve posĂ©e sous de multiples facettes. Si la pratique musicale vocale ou instrumentale n’intervient pas directement comme contribution Ă  l’enquĂȘte [15], Ă  l’entrĂ©e sur un terrain et Ă  son exploration comme membre participant d’un milieu professionnel par exemple – ainsi qu’il a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© pour Howard S. Becker et comme de nombreux sociologues Ă  sa suite en useront –, la curiositĂ© et les goĂ»ts musicaux constituent des aiguillons et des clefs d’entrĂ©e pour la recherche. La proximitĂ© avec des univers connus et apprĂ©ciĂ©s, voire pratiquĂ©s, se retrouve chez de nombreux chercheurs actuellement. En musique, sans doute davantage que pour les arts plastiques ou la littĂ©rature, pratiques artistique et scientifique se trouvent mĂȘlĂ©es et font en retour l’objet d’un travail rĂ©flexif. Par ailleurs, le caractĂšre rĂ©putĂ© impĂ©nĂ©trable de la/des musiques pour qui n’y est pas initiĂ© et le langage formel et esthĂ©tique mobilisĂ© impressionnent toujours. Ainsi, mĂȘme avertis et amateurs » du genre ou du style considĂ©rĂ©, certains chercheurs ne s’autorisent pas Ă  Ă©voquer et Ă  qualifier le matĂ©riau musical en propre, pas seulement par crainte d’empiĂ©ter sur le domaine de l’esthĂ©tique et de la musicologie. Une relation pratique et soutenue Ă  la musique par le chant, une activitĂ© instrumentale ou de crĂ©ation musicale engendrerait-elle une dĂ©fĂ©rence moindre que l’écoute de disques et/ou la frĂ©quentation des concerts ? Permettrait-elle une approche familiĂšre au plus prĂšs du matĂ©riau musical ? Et qu’apporterait cette derniĂšre, en particulier pour apprĂ©hender – sociologiquement – les Ɠuvres et les processus crĂ©ateurs ? Si de telles questions Ă©pistĂ©mologiques ne peuvent ĂȘtre ici tranchĂ©es, le positionnement thĂ©orique et empirique distinct de chacun des quatre auteurs considĂ©rĂ©s tĂ©moigne de leur – Ce que la musique fait Ă  la sociologie [16]
 et Ă  la musicologie69Comme Bruno PĂ©quignot Ă  propos de la sociologie des arts et de la culture 2000, 2009, on peut dire que la sociologie de la musique est d’abord » de la sociologie. Elle lui emprunte ses outils conceptuels et empiriques, ses thĂ©ories et ses mĂ©thodes, qu’elle questionne Ă  l’aune de la spĂ©cificitĂ© de son domaine de recherche. Elle partage nombre de prĂ©occupations avec d’autres domaines de la sociologie avec lesquels elle croise la rĂ©flexion le travail et les professions, pour ne citer qu’un exemple. Par ailleurs, on peut tout aussi bien affirmer que la sociologie de la musique se trouve Ă  la croisĂ©e de la sociologie et de la musicologie, ou plus radicalement qu’elle fait partie de la musicologie, des musicologies » comme l’indique DaniĂšle Pistone, musicologue qui a toujours ƓuvrĂ© pour des Ă©changes entre musicologie et sociologie, en insistant sur la multiplicitĂ© des dĂ©marches approches historiques, analytiques elles-mĂȘmes nombreuses, mais Ă©galement Ă©conomiques, sociologiques, psychologiques, anthropologiques
 Si le dialogue avec les sciences sociales et les sciences cognitives, notamment, n’est pas du goĂ»t de tous les musicologues notamment français, la nouvelle musicologie » anglophone le pratique depuis longtemps. 70Plus qu’un amalgame entre deux disciplines, un mĂ©lange dangereux car porteur d’un risque de mĂ©connaissance des outils et des problĂ©matiques de part et d’autre, ce croisement disciplinaire – fĂ©cond nous semble-t-il – est gĂ©nĂ©ralement rĂ©alisĂ© selon un ancrage propre Ă  chaque contribution. Chaque discipline apporte Ă  l’autre, mais les objectifs de recherche demeurent distincts. Pour dresser une ligne de partage artificielle, du cĂŽtĂ© de la musicologie, le but Ă  atteindre rĂ©side gĂ©nĂ©ralement dans la connaissance de la maniĂšre dont un matĂ©riau sonne », ce qui peut se traduire par la caractĂ©risation d’un style par exemple. Cela peut impliquer de comprendre comment et pourquoi il sonne comme ça », mais aussi – pour certains chercheurs – ce que ce comme ça » veut dire pour un groupe d’individus Ă  une Ă©poque donnĂ©e. À tout le moins, il s’agit de qualifier le musical et son organisation. Du cĂŽtĂ© de la sociologie, il importe souvent davantage de saisir les modalitĂ©s d’une pratique donnĂ©e qui est ou non concernĂ©, comment, dans quelles conditions et dans quel contexte, depuis quand Ă©ventuellement, mais aussi quel est le sens donnĂ© Ă  cette pratique par les groupes d’individus concernĂ©s. Toutes ces questions sont Ă  rapporter – selon nous – au phĂ©nomĂšne musical, Ă  la maniĂšre dont une musique sonne » et se dĂ©ploie ; et donc aux processus indissociablement musicaux et sociaux d’élaboration, de qualification et d’appropriation du matĂ©riau sonore. Cela implique donc d’interroger les enjeux sociaux, symboliques et esthĂ©tiques sous-jacents liĂ©s Ă  un phĂ©nomĂšne musical en particulier. 71La sociologie de la musique interroge ainsi la musicologie, rejointe en cela par l’ethnomusicologie, en soulignant l’inscription sociale et l’incarnation dans des corps des faits musicaux, au sein de pratiques concrĂštes de crĂ©ation, de diffusion et de rĂ©ception, aujourd’hui et dans le passĂ©, pour toutes les musiques. Bien loin d’ĂȘtre un art pur », la sociologie rappelle combien la » musique est ouvragĂ©e par des humains. Cette discipline agirait-elle comme mauvaise conscience » de la musicologie en soulignant les aspects que d’aucuns avaient tendance Ă  vouloir oublier au nom de la beautĂ© » formelle ? de l’art pour l’art ? Étudiant les phĂ©nomĂšnes musicaux les plus extraordinaires et grandioses » comme les plus banals, des gĂ©nies » aux musiciens ordinaires », des chefs- d’Ɠuvre » aux musiques d’ambiance, les sociologues peuvent dĂ©router en s’intĂ©ressant Ă  ce qui ne sera pas examinĂ© ni conçu comme musique » par nombre de musicologues. Certains craindront une rĂ©duction » sur et par le social, une banalisation mais surtout l’éviction de l’étude de la musique elle-mĂȘme ». D’autres musicologues, au contraire, mobiliseront la sociologie ou l’ethnologie comme Ă©tant indispensables pour saisir la construction mĂȘme du sonore, en particulier pour apprĂ©hender les dispositifs de crĂ©ation et les modalitĂ©s d’interprĂ©tation ; ainsi du rĂŽle de la technologie et de ses acteurs, des effets de l’enregistrement en studio, des supports et des circuits de diffusion, pour les musiques d’aujourd’hui pas seulement populaires » qui conduisent Ă  proposer de nouveaux outils analytiques. 72Quant Ă  la sociologie, les quatre contributeurs de ce numĂ©ro montrent chacun Ă  leur maniĂšre que partir de la musique opĂšre des mises en question efficientes de la sociologie de la culture, du travail et des professions, de la sociologie en gĂ©nĂ©ral
 En travaillant sur la musique, Max Weber Ă©claire d’un jour nouveau sa thĂ©orie de la rationalisation Ă  l’Ɠuvre en Occident explique Emmanuel Pedler. En outre, dans sa propre contribution Ă  ce numĂ©ro, ce dernier montre que les Ă©crits sur la musique de Georg Simmel, mais aussi Alfred SchĂŒtz et Maurice Halbwachs, peuvent insuffler de nouveaux dĂ©veloppements Ă  la sociologie de la culture qui peine Ă  se renouveler ». D’ailleurs, les travaux qu’il a lui-mĂȘme menĂ©s sur l’écoute, les goĂ»ts musicaux et le concert relativisent et nuancent la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle, on l’a vu. En montrant l’importance des compĂ©tences musicales et les degrĂ©s d’ entendement musical », il complexifie et enrichit d’autant l’analyse de l’ancrage social des pratiques culturelles. 73Cette critique de la thĂ©orie de la lĂ©gitimitĂ© culturelle, Jean-Louis Fabiani la mĂšne Ă©galement Ă  partir de la musique ; invalidant la notion d’ art moyen », le jazz mais aussi le music-hall apparaissent comme des territoires propices pour la repenser. Plus gĂ©nĂ©ralement, la musique reprĂ©sente selon Jean-Louis Fabiani un objet frontiĂšre », un objet qui rĂ©siste, qui nous oblige Ă  le contourner et Ă  reconnaĂźtre nos limites », sans dissoudre notre identitĂ© de sociologue » [17]. Cette conception le conduit Ă  aller Ă  l’encontre d’une visĂ©e impĂ©riale qui voudrait le dĂ©shabiller jusqu’à la moelle dans un dĂ©passement dialectique entre l’interne et l’externe », mettant ainsi en garde la sociologie des Ɠuvres. 74L’angle d’approche de Pierre-Michel Menger diffĂšre sensiblement. L’analyse des professions artistiques lui permet de voir l’émergence d’une nouvelle figure du travailleur, exerçant son activitĂ© au fil de projets, par contrat, oĂč s’articulent prĂ©caritĂ© et engagement, incertitude et motivation, en raison de bĂ©nĂ©fices escomptĂ©s dans l’avenir. Dans ce cadre, la musique constitue un terrain privilĂ©giĂ© d’analyse, balançant entre savant et populaire, et offrant une multiplicitĂ© de cas intermĂ©diaires oĂč se font jour tous les degrĂ©s d’incertitude et toutes les formes d’appariements [18]. 75En des termes assez proches de ceux de Roger Bastide dans Art et sociĂ©tĂ©, Antoine Hennion Ă©crivait quant Ă  lui en 1981 Ă  propos du disque 76 Dans l’histoire des variĂ©tĂ©s se dessine en creux l’histoire de ceux qui n’ont pas la parole, comme dans la musique se rĂ©fugie ce que refoule le pouvoir des mots. Ce plus-de-sens suggĂšre en dĂ©finitive que nous renversions notre dĂ©marche ce n’est pas tant Ă  la sociologie, aux rapports sociaux tels qu’on les connaĂźt, de venir expliquer le sens ou le non-sens de la musique, c’est plutĂŽt Ă  la musique de nous rĂ©vĂ©ler un social inconnu. » 77Plus radical, il affirme plus tard la musique est une sociologie » Hennion, 1993, 365, indiquant par lĂ  combien le caractĂšre “insaisissable” de cet art, cette forme culturelle entre science et pratique, pensĂ©e et sensation, oblige Ă  considĂ©rer autrement l’ objet » de l’investigation scientifique. La question de la mĂ©diation vient de la musique, de la rĂ©flexion qu’elle suscite il n’existe pas de musique en soi et pour soi, mais toujours dans une relation mobilisant l’observateur, d’autant qu’elle a toujours besoin de se faire rĂ©entendre pour exister. Dans le pragmatisme sociologique tel qu’il le prĂŽne, les objets nous agissent et la musique modĂšle la rĂ©flexion. 78Pratique du quotidien dans ses formes les plus banalisĂ©es sans pĂ©joration et mĂ©diatisĂ©es, pratique de sociabilitĂ© reposant sur un rĂ©seau d’institutions pĂ©rennes Ă©coles de musique et conservatoires, opĂ©ras, orchestres, etc. sans commune mesure avec celles des autres arts, domaine d’activitĂ© oĂč s’observent des mutations sociales et Ă©conomiques d’envergure, la musique apparaĂźt enfin comme un mĂ©dium dotĂ© d’une puissance onirique et d’un pouvoir symbolique remarquables dans notre sociĂ©tĂ©. Objet d’identification au sein des jeunes gĂ©nĂ©rations, investie de promesses d’émancipation sociale, aurĂ©olĂ©e de prestige, autant d’exemples effleurĂ©s qui Ă©voquent la force des reprĂ©sentations et le pouvoir souvent attachĂ© Ă  la/aux musiques. La sociologie des musiques, les sociologies de la musique constituent un champ d’investigation heuristique et dynamique. Notes [1] Et sans mĂȘme discuter les propos de V. JankĂ©lĂ©vitch. [2] L’article se consacre par consĂ©quent Ă  la France, sans exhaustivitĂ©. La mise en perspective des travaux des contributeurs reste Ă  englober dans une perspective internationale plus vaste, au regard de ceux parus en Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, aux États-Unis avec la figure primordiale et trĂšs prĂ©sente en France d’Howard S. Becker. Le colloque international sur 25 ans de sociologie de la musique en France » qui s’est tenu en novembre 2008 Ă  la Sorbonne et celui sur la sociologie de la musique qui s’est tenu en juillet 2009 Ă  Lisbonne en tĂ©moignent Ă©galement. [3] Pas seulement pour les musiques dites savantes, le langage tonal Ă©tant au fondement des musiques populaires modernes ». L’article d’Antoine Hennion dans ce numĂ©ro dĂ©veloppe prĂ©cisĂ©ment la question de la tonalitĂ© » en rapport Ă  la langue et Ă  l’articulation nature/culture. [4] Une immatĂ©rialitĂ© relative au regard de l’existence des ondes sonores. [5] Ce qui fait le mystĂšre » de la musique tel que pointĂ© par Claude LĂ©vi-Strauss, c’est qu’un art aussi technique et formel, hautement codifiĂ© et contraignant, puisse toucher si profondĂ©ment l’affectivitĂ© individuelle selon des modalitĂ©s si variables, rĂ©sistant souvent Ă  la formulation. » Donin, Campos, Keck, 2006, 3 [6] Dans cet ouvrage, elle revisite les thĂ©ories du xixe et du xxe siĂšcles pour montrer les manques dans la construction d’une vĂ©ritable » approche sociologique des faits musicaux, qui dĂ©passerait l’approche positiviste pour saisir le sensible ». [7] PlutĂŽt que faire de la musique » comme Ă©voquĂ© notamment par Denis Laborde Ă  paraĂźtre. [8] Une sociologie de la musique oĂč la musique signifie plus que les cigarettes ou le savon dans des enquĂȘtes de marchĂ© ne rĂ©clame pas uniquement une conscience de la sociĂ©tĂ© et de sa structure, pas uniquement non plus la seule connaissance des phĂ©nomĂšnes musicaux Ă  but d’information, mais la pleine comprĂ©hension de la musique dans toutes ses implications. » Adorno, 1994, 6. [9] Les trois confĂ©rences tenues par des auteurs ne relevant pas directement de la sociologie sont nĂ©anmoins publiĂ©s par la Revue Française de Sociologie Colloque sur la musique, 1962 deux textes sont ethnomusicologiques, AndrĂ© Schaeffner sur Musique et structures sociales SociĂ©tĂ©s d’Afrique Noire » 388-395 et Marina Scriabine sur La musique et la Chine ancienne » 398-406, un troisiĂšme Ă©manant d’un critique musical, Boris de Schoelzer, s’interroge sur la maniĂšre dont nous Ă©coutons aujourd’hui la musique du passĂ© La musique ancienne et nous » 395-398. [10] OrganisĂ© conjointement par Jacques Chailley directeur de l’Institut de Musicologie et plusieurs ministĂšres, cette rencontre de cinq jours ne laisse pas trace d’une rĂ©flexion que l’on dirait aujourd’hui sociologique » Paris, Semaines musicales internationales de Paris, 1962. [11] Il faudrait citer bien d’autres publications en dehors de la France, et exceptionnellement rapidement traduites comme Élias, 1991, mais le croisement avec les recherches menĂ©es Ă  l’étranger n’est pas toujours rĂ©alisĂ© et les comparaisons internationales manquent. En outre, une interrogation de la base web of science » montre que de nombreux travaux en langue française n’y sont pas recensĂ©s. Y apparaissent cependant les articles de la revue Poetics, l’International Review of Aesthetics and Sociology of Music ou la Revue de synthĂšse ayant une entrĂ©e sociologie de la musique ». [12] La musicologie française a mis plus de temps Ă  se pencher sur l’analyse de la chanson et des musiques populaires modernes » malgrĂ© les travaux pionniers de Jean-RĂ©my Julien nomment. [13] Le rapprochement de leurs dates de naissance respectives, prĂ©cisĂ©es au fil de la prĂ©sentation des auteurs, ainsi que des donnĂ©es biographiques rarement abordĂ©es permettent de situer ces derniers les uns par rapport aux autres. [14] Les propos qui suivent proviennent d’échanges par courriel de l’auteure en juin et juillet 2009 avec chacun des sociologues, que nous remercions chaleureusement de s’ĂȘtre prĂȘtĂ©s Ă  notre jeu de questions. [15] Encore que, Ă  propos de l’écoute, chacun soit bien un amateur » actif. [16] Pour paraphraser Heinich, 1998. [17] Expliquait-il lors du colloque 25 ans de sociologie de musique en France. Ancrages thĂ©oriques et rayonnement international », Sorbonne, 6-8 novembre 2009. [18] Comme il l’évoquait Ă©galement lors du mĂȘme colloque. 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L'enquĂȘte effectuĂ©e par des chercheurs a identifiĂ© les raisons qui poussent les jeunes Ă  Ă©couter de la musique forte. Parmi ceux-ci, les 10 % qui Ă©coutaient de la musique le plus et Ă  des volumes sonores les plus Ă©levĂ©s, ont Ă©tĂ© identifiĂ©s comme groupe Ă  risque. Les trois raisons les plus populaires Ă©taient les suivantes Je profite de la musique mieux quand elle est forte », je peux mieux me lĂącher dans la musique forte » et je fais le plein d'Ă©nergie en Ă©coutant de la musique forte ». Les rĂ©pondants ont indiquĂ© que l'information sur les risques de perte d'acuitĂ© auditive potentiels suie Ă  l'utilisation d'un Mp3 a Ă©tĂ© reçue par la tĂ©lĂ©vision, les publicitĂ©s ou des infirmiĂšres et mĂ©decins. Écoutez la dĂ©ficience auditive Écoutez la dĂ©ficience auditive Le groupe de risque L'Ă©tude a analysĂ© les habitudes et les attitudes Ă  l'Ă©gard des MP3 sur plus de adolescents danois. L'Ă©tude a Ă©tĂ© basĂ©e sur un questionnaire, dans lequel les adolescents ont rĂ©pondu Ă  des questions sur l'exposition au bruit, le comportement d'Ă©coute, les gains possibles de l'Ă©coute de la musique et leurs effets ainsi que les et mĂ©dias prĂ©fĂ©rĂ©s pour la rĂ©ception des informations prophylactique. L'enquĂȘte a identifiĂ© un groupe de risque d'environ 10 % des rĂ©pondants, qui ont Ă©coutent de la musique pendant de plus longues pĂ©riodes et Ă  des volumes plus Ă©levĂ©s. Plusieurs enquĂȘtes ont montrĂ© que l'Ă©coute prolongĂ©e de lecteur MP3 et Ă  un volume trop Ă©levĂ© peut endommager votre audition et entraĂźner des acouphĂšnes et / ou la perte auditive. Source Paper- Attitudes, les rĂ©compenses et les habitudes d'Ă©coute des jeunes Danois par Morin Reiness , Carsten Daugaard et Per Nielsen Lire Recevez nos nouvelles sur la dĂ©ficience auditive Si vous souhaitez recevoir des nouvelles de notre part sur la dĂ©ficience auditive et d'autres problĂšmes liĂ©s Ă  l'audition, veuillez-vous abonner Ă  notre newsletter.

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